The new issue of Savoirs et clinique is titled Sisters and friends: The psychoanalysis of young girls and includes a paper about
How can we explain the singular drive of Charlotte, Emily, and Anne? How did they become such accomplished writers? Can we subscribe to the hypothesis that the brother was vampirized by his sisters, as interpreted by André Téchiné?
Charlotte, Emily et Anne Brontë : l’appel de l’Écriture
by Sibylle Guipaud
Savoirs et clinique 2025/2 n° 33, pp. 39-47
« Je ne sais qu’une seule chose, c’est qu’il est temps pour moi de devenir quelqu’un alors que je ne suis rien. Que mon père n’a plus longtemps à vivre et que, lorsqu’il mourra, ma vie, déjà en son crépuscule, sombrera dans la nuit. » Cet extrait d’une lettre de Patrick Branwell Brontë, écrite à un ami et datée du 24 janvier 1847, rappelle la place centrale qu’occupe l’activité littéraire dans la famille Brontë en dépit de la maladie, de la pauvreté et de la mort. La confidence de Branwell exprime sa place particulière par rapport à ses trois sœurs, Charlotte, Emily et Anne. Elle trahit la déréliction du seul garçon des six enfants de la famille Brontë : elle sanctionne l’échec de celui qui était promis à devenir l’artiste de la famille au prix de sacrifices financiers du père. Quant à ses sœurs, ne sublimeront-elles pas son intense souffrance dans leur œuvre ? Les biographes ont montré que les emportements mélancoliques de Rochester dans Jane Eyre et la solitude radicale de Heathcliff dans Wuthering Heights, en particulier, transposent l’autodestruction spectaculaire de Branwell. Mais comment le désir d’écrire du frère est-il devenu un désir féminin singulier, celui de Charlotte, d’Emily et d’Anne ?
Vers 1834, Branwell avait peint le tableau dit Pillar Portrait – aujourd’hui conservé à la National portrait Gallery – qui représentait son autoportrait au sommet de la composition pyramidale comprenant le portrait de chacune de ses trois sœurs. S’il effacera ensuite l’autoportrait en un geste prémonitoire, le tableau était, dès sa création, un tableau de survivants puisque les sœurs aînées – Maria et Elisabeth – étaient mortes phtisiques au pensionnat de jeunes filles de Lowood (1825)…
0 comments:
Post a Comment