C’était une époque où les émois de toutes sortes se multipliaient dans ma vie d’adulte naissante. Et parmi ces émois : le superbe roman Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë.
Ayant grandi dans la banlieue de Québec, qui n’avait rien du mystère et des merveilles obscures des landes du Yorkshire, et malgré une enfance heureuse et paisible, déjà le début du livre m’avait intriguée quand on y parlait « d’un endroit si parfaitement soustrait au train du monde » où se vivait une passion déchirante… Et où cette vie, comme l’écrivait Aragon, « aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent ».
J’avais sous-estimé et jamais ressenti avec autant de force ce que l’univers du vent dans un paysage vaste et dépouillé impose, jusqu’à un séjour récent pour un tournage aux Îles-de-la-Madeleine, où le temps ambiant m’a replongée au cœur des Hauts de Hurlevent. Surtout, dans ce que cet écrit m’avait intellectuellement enseigné jadis, et dans le souvenir qu’il a ravivé, physiquement cette fois.
C’était au mois de mai dans un paysage aussi magnifique qu’énigmatique, et le vent, la pluie, le froid qui n’ont pas lâché, m’ont placée dans un combat physique constant qui m’a d’abord appris, il faut bien l’admettre, l’humilité.
Des joues engourdies par le froid, flagellées par le vent, des cheveux constamment en bataille, indomptables, une force telle que je pouvais presque sentir mon propre corps s’envoler. Je jure que je n’exagère pas !
(Translation)
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